Fatna ELBOUIH, militante, professeure universitaire, écrivaine et auteure de "Une femme nommée Rachid", était l'invitée de HEM Casablanca dans le cadre d'une rencontre trait d'union.
Fatna El Bouih transcrit, sous une plume poétique, ses épreuves et celles d'autres prisonnières politiques d'une manière presque distante de sa souffrance. Cependant, tout est dit, su, compris. Comment a-t-elle eu cette force de résister ? Consciente de tout ?
Ci-après quelques scènes de vie lors des année de plomb ... Un avant goût surtout d'une histoire pas comme les autres.
Une jeune étudiante marocaine est arrêtée en 1977, incarcérée sans jugement et torturée pendant sept mois, ses tortionnaires ayant poussé le raffinement jusqu'à lui changer son prénom, Fatna est devenue « Rachid n°45 ». Elle sera par la suite condamnée à cinq ans de prison pour conspiration contre la sûreté de l'État, appartenance à une organisation clandestine illégale, diffusion de publications interdites.. Elle sera libérée à l'âge de 27 ans. Un témoignage sur les années de plomb au Maroc.
Tout commence par une arrestation arbitraire, la peur et la torture. La privation de la vue, du sommeil, de la notion de temps et une pluie de mauvais traitements en tout genre : l'avion, qui « au lieu de t'élever au ciel t'abaisse plus bas que terre » et la falaqa.
Elle a décrit comment, privée de la vue, elle a vu au toucher, à l'odorat ; tous les autres sens à la rescousse du défaillant : « Chaque fois, avant de me suspendre, ils me bandent les yeux pour m'empêcher de les reconnaître. Peine perdue, j'ai appris à les reconnaître à leur odeur, à la forme de leurs souliers, aux marques de doigts que me laissent les coups, quand je tâte avec la main je les sens et j'enregistre l'outrage ».
Et l'histoire de cette femme qui va bientôt sortir de prison après 17 années d'enfermement : « Elle appareille à l'automne d'une vie sans avoir connu son printemps "
Une force d'esprit incroyable que les étudiants de HEM Casablanca ont senti le Mercredi 30 Novembre 2016 de 14h30 à 15h45, au sein de leur Campus! Merci à Mme Elbouih.