Difficile de définir l’intellectuel. Est-il un penseur ? Un philosophe ? Un écrivain ? Un éditorialiste ?... De manière globale, nous pouvons dire qu’un intellectuel est une personne dont l'activité repose sur l'exercice de l'intelligence, une personne qui s'engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses et de ses points de vue sur des sujets variés ou spécialisés, pour défendre des valeurs ou pour promouvoir une cause. Un intellectuel est ainsi une personne qui pourrait avoir un impact sur le développement d’une opinion publique, persuader, proposer, débattre et permettre à l'esprit critique de s'émanciper des représentations sociales classiques et des évidences absolues.
Ainsi l’intellectuel est un maître de la parole, aussi bien dite qu’écrite. Il doit pouvoir en premier lieu exprimer ses idées dans des livres ou articles et trouver le moyen de les faire publier ; ce qui n’est pas évident lorsque la machine éditoriale est grippée et que les livres ont du mal à trouver une place durable dans les librairies. Quand il réussit à passer ce cap, son « autorité » intellectuelle pourrait alors naître, c’est-à-dire le fait que ses travaux soient reconnus par ses pairs et le public spécialisé, public qu’il pourrait rencontrer également par l’intermédiaire des colloques.
Or, force est de constater que le pouvoir des intellectuels n’est ainsi pas fait de la même manière que celui des hommes et des femmes politiques : les seconds ont une action sensée être concrète et exercent leurs activités dans le cadre d’institutions politiques tandis que les premiers travaillent en amont pour énoncer des solutions et émettre des propositions à même de former éventuellement un programme et/ou l’influencer. Les seconds raisonnent en termes de droit et d’autorisation légale ; les premiers agissent dans la réserve et la retenue qu’imposent certains thèmes de réflexion. Les seconds ont pour mission d’agir, les premiers se voient confier la mission de réfléchir.
La première question qui vient à l’esprit est la suivante : A l'heure du capitalisme triomphant, de la mondialisation et de la crise des représentations, l'intellectuel dispose-t-il encore d'un quelconque pouvoir?
Par ailleurs, que peut-on dire de plus sur le sujet du pouvoir des intellectuels, en dehors de ce qui a déjà été dit sur le rapport qui lie l'intellectuel et le pouvoir ?
Plusieurs axes de réflexions peuvent être envisagés :
· L’intellectuel doit-il avoir un pouvoir ?
· Quel est le pouvoir de l'intellectuel marocain, arabe ou occidental dans les sociétés du XXIème siècle ?
· Quels sont les nouveaux rapports, si nouveauté il y a, de l'intellectuel avec le pouvoir ?
· Quelles sont les nouvelles stratégies de pouvoir de l'intellectuel et quels nouveaux profils génèrent-elles?
· …
Ces questions, et d’autres encore, ont été abordées lors de la conférence-débat qu’a organisé HEM Marrakech sur le thème suivant :
« Le pouvoir des intellectuels : Réalité ou fiction?»
Ont intervenu à cette conférence-débat :
Mme Ouidad TEBBAA
Doyenne de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech
Jean Philippe BEJA
Directeur de recherche au CNRS/ CERI – Sciences- Po, Paris
Directeur de recherche au CNRS/ CERI – Sciences- Po, Paris
Mohammed ENNAJI
Professeur et écrivain Marocain, Rabat
M. Jean-François MATTEI
Professeur émérite à l’université de Nice- Sophia Antipolis, Marseille
Modérateur
M. Driss KSIKES
Directeur du Centre d’Etudes Sociales, Economiques et Managériales (CESEM -Centre de recherche de HEM)
Date : Vendredi 07 Janvier 2011 à partir de 19h00
Lieu : HEM Marrakech
