Le profil des femmes et des hommes qui choisissent de vivre au Maroc est varié, et leurs nationalités le sont tout autant. De l'expatrié qui s'installe en famille au candidat à la traversée de la Méditerranée, en passant par l'étudiant, l'investisseur, le sportif, l'artiste, le diplomate, le travailleur, le retraité ou le sans-emploi européen, le commerçant asiatique...Tous les continents sont représentés et les étrangers du Maroc vivent, tant bien que mal, chacun selon son statut socio-économique au milieu des marocains.
Cette cohabitation, qui devrait être source d'enrichissement et d'épanouissement pour tous, se fait parfois dans des conditions de tension, voire de violence et de haine.
Certaines communautés souffrent plus que d'autres. Il est clair que les migrants sub-sahariens subissent nettement plus de pression, de violence et d'actes de racismes. Depuis quelques années, l'actualité regorge d'exemples plus horrifiants les uns que les autres. On se souvient tous de Céric, de Moussa Seck, d'Ismaila Faye, d'Alex Toussaint... décédés à la suite d'affrontements violents avec des citoyens marocains ou les forces de l'ordre en 2013. Les femmes sont, de plus, confrontées aux violences et à l'abus sexuels : une migrante subsaharienne sur trois en est victime lors de son passage par le Maroc selon une étude de Médecins Sans Frontières (2010). En septembre dernier, un quartier tangérois entier a été attaqué, les migrants sub-sahariens qui y viennent ont été agressés et dépouillés de leurs biens et l'un d'entre eux a été assassiné brutalement.
Le Royaume, qui a ratifié de nombreuses conventions internationales sur les droits des migrants, persiste à nier toute violation de ces derniers et tarde à remettre ses rapports à la commission onusienne à Genève. Les voix de la société civile continuent de s'élever pour dénoncer les exactions et les violences.
Une lueur d'espoir s'est allumée en janvier 2014 lorsque le Maroc a annoncé une opération sans précédent de régularisation générale des sans-papiers. Procédure a minima, flexibilité, priorité aux femmes et aux enfants, facilité de démarches...A priori, une avancée historique...ou un coup d'éclat ?
Alors, racistes, le sommes-nous ? Qu'est-ce qui attise le rejet de l'autre, du migrant sub-saharien notamment ? Pourquoi ? Et que fait-on pour lutter contre le racisme et la haine de l'autre ? Qui se mobilise et que se passe-t-il sur le terrain, dans le quotidien des migrants, des militants, des institutionnels et des citoyens ? Le Maroc, terre d'immigration historique, est-il également une contrée d'intégration et d'acceptation de l'autre, de sa culture et de sa différence ?
Nos invités apporteront leur éclairage sur toutes ces questions, pertinentes vu la conjoncture actuelle de la migration au Maroc, et sur celles-ci également :
- Quelle est la réalité de la vie quotidienne des migrants sub-sahariens au Maroc ?
- Quelles dispositions juridiques et sociales sont prises aujourd'hui par les autorités marocaines pour lutter contre le racisme et favoriser l'inclusion des migrants dans la société marocaine ?
- Quels sont les constats et les recommandations des instances des droits de l'Homme au Maroc ?
- Quel est le point de vue de la société civile et quelles actions sont mises en place pour le plaidoyer, l'accompagnement des communautés et la sensibilisation des citoyens marocains ?
- L'action culturelle représente-t-elle une alternative de co-habitaion pacifique entre migrants et marocains pour développer ?
Intervenants
- Nadia KHROUZ : Membre fondateur du GADEM (Groupe Antiraciste d'Accompagnement et de Défense des Étrangers et Migrants), Doctorante/Chercheur - Rabat
- Abderrahim KASSOU : Membre du Conseil National des Droits de l'Homme - Casablanca
- Reuben Yemoh ODOI : Musicien Ghanéen, Activiste pour les Droits des Migrants - Casablanca
- Ghita KHALDI : Membre Fondateur d'Afrikayna - Casablanca
- Ghita ZOUGGARI : Chargée de la Direction des Affaires de la Migration auprès du Ministère Chargé des Marocains Résidants à l'Étranger et des Affaires de la Migration - Rabat
- Modération : Hicham HOUDAIFA, Journaliste - Casablanca