Evènements de HEM

Evénements Grand Public


Maroc pluriel et construction démocratique


Du : Jeu, 02/06/2011 - 18:30 Au : Jeu, 02/06/2011 - 20:00

Casablanca

C'est en novembre 2001 que la déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle a été signée à Paris. Dans un contexte particulier, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York, les États signataires réaffirmaient leur conviction que le dialogue interculturel constitue le meilleur gage pour la paix.
 
Or, dans les faits, des conflits « culturels » continuent d’exister entre les différentes civilisations : Entre « orient » et « occident », entre «croyants » et « non croyants », entre « musulmans » et « non musulmans », entre « autochtones » et « immigrés »…
 
Dans beaucoup de pays occidentaux, le débat sur la diversité est enclenché depuis de nombreuses années. Les avis et les opinions divergent mais le débat continue. En France, à titre d’exemple, le débat sur « l’identité nationale » a été rejeté par beaucoup d’intellectuels et de politiques afin de préserver la diversité culturelle dans la société française. 
 
Qu’en est-il du Maroc dans ce débat sur la diversité et le pluralisme ? Dans un monde marqué par une certaine forme d’extrémisme religieux et culturel, certains courants tentent de limiter l’identité marocaine et de la réduire à sa seule composante arabo-musulmane qu’il faut « préserver ». « Pays arabo-musulman » est ainsi une expression souvent utilisée pour définir le Maroc. Or, ces deux composantes de l’identité marocaine ne sont pas uniques et nombreux sont les intellectuels et les journalistes qui rejettent cette définition. A la composante arabo-musulmane, s’ajoutent au moins les composantes amazigh, judaïque et africaine. Sans oublier que la civilisation marocaine a été influencée et enrichie par de nombreuses cultures : hispaniquo-andalouse, portugaise, française…
 
Si le débat a effectivement commencé depuis quelques années, il faut avouer qu’il reste globalement timide et concentré entre les mains des intellectuels et des journalistes ; les politiques ayant probablement peur d’y toucher pour des raisons électoralistes. Aujourd‘hui, et à l’occasion des discussions au sujet de la nouvelle constitution, ce débat rejaillit de manière accrue et suscitent l’intérêt de différentes composantes de la société.
 
Sur le plan religieux, et bien que la majorité des Marocains soit musulmane, est-il nécessaire de rappeler que l’Islam n’est pas la seule composante de l’identité religieuse marocaine ? Les juifs ne constituent-ils pas une part importante de la civilisation, la culture et l’histoire marocaine ? La presse n’a-t-elle pas largement parlé des nombreux Marocains convertis (secrètement) au christianisme ? Ne doit-on pas avoir le courage de reconnaître (sans condamner) le fait que des Marocains non croyants font partie intégrante de notre réalité ?
 
Qu’en est-il également du débat sur l’amazighité, qui se pose avec beaucoup d’acuité ? Comment vouloir construire le pluralisme sans reconnaître sa pleine existence à une composante essentielle de l’identité et de la culture marocaine ? Comment construire la démocratie sans reconnaitre les droits culturels et linguistiques d’une importante composante de la culture et de l’identité marocaines ? Dan ce débat, trois « scénarios » se partagent schématiquement les arguments : D’un côté, il y a les courants conservateurs qui préfèrent écarter définitivement ce débat car le Maroc est, à leurs yeux, « arabo-musulman ». Un deuxième courant plaide pour une reconnaissance de la composante amazigh dans l’identité marocaine, mais souhaiterait que cette reconnaissance soit « douce ». Nous ferions ainsi de l’amazigh une langue nationale, ses expressions culturelles pourraient s’épanouir librement… mais sans plus. Un troisième courant réclame enfin la constitutionnalisation de l’amazigh comme langue officielle du Maroc. Quels sont les arguments des uns et des autres ? Quel schéma serait le plus enrichissant pour notre développement ?
 
Un autre débat, assez houleux à son tour, concerne la langue marocaine. La darija est-elle seulement une langue parlée ou peut-elle devenir également une langue écrite ? Peut-on également en faire une langue officielle ?
 
Bien évidemment, la diversité ne peut être limitée à une quelconque expression politique, religieuse, linguistique ou culturelle. La diversité, ce sont tous les comportements et toutes les pratiques majoritaires et minoritaires de la société, qu’ils soient codifiés ou non reconnus par l’État et par la société.
 
C’est seulement à ces conditions que nous pourrons construire un Maroc libre, pluriel, moderne et démocratique où chaque composante cohabite avec les autres dans le respect et l’enrichissement des mutuelles différences.
 
Dans ce cadre, plusieurs questions peuvent être posées :
 
  • Peut-on construire une démocratie sans garantir le pluralisme ?
  • Comment parler de démocratie sans garantir et préserver les droits des minorités culturels ?
  • Dans cette phase de réformes enclenchées par le Maroc, faut-il constitutionaliser la diversité et le pluralisme?
  • La séparation entre le politique et le religieux pourrait-elle garantir davantage de diversité et de pluralisme.
  • Comment développer, mettre en valeur et s’enrichir des composantes judaïque et amazigh de l’identité et de la civilisation marocaine ?
  • Qu’en est-il de l’africanité du Maroc, souvent oubliée ?
  • La darija peut-elle devenir aussi langue officielle du Maroc pluriel ?
  • Pourquoi les partis politiques n’abordent que très peu la question de pluralisme ?
  • Comment et dans quelles mesures la monté de l’extrémisme religieux et culturel pourrait menacer le pluralisme marocain ?
  • Dans quelle mesure la promotion de la diversité pourrait contribuer au développement de la production artistique et de la liberté d’expression et de la presse?
 
Toutes ces questions, et d’autres encore, ont été abordées lors de la conférence-débat qu’a organisé HEM au sein de son Campus à Casablanca, le jeudi 02 juin 2011à 18h30.
 
« La richesse culturelle du monde, c’est sa diversité en dialogue »
Koïchiro Matsuura
 
Ont intervenu à cette Conférence-débat:
·         Meryam Demnati, Membre du Bureau de l’Observatoire Amazigh des Droits et des Libertés (OADL)
·         Mohamed Sghir Janjar, Directeur de la Revue Prologues
·         Simon Lévy, Secrétaire Général de la Fondation du Patrimoine Culturel Judéo- marocain et Directeur du Musée du Judaïsme Marocain
·         Hassan Rachik, Anthropologue et Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Casablanca.
·         Driss Jaydan, Ecrivain et journaliste
 
La modération était assurée par Monsieur Abdellah Bounfour, Philosophe.

Bibliograhie:
- Conception de la Nation (Voir PJ)
- Identité molle (voir PJ)

- Roumi et beldi

Synthèse réalisée par M. Abdellah Bounfour:

 Ont participé à ce débat Mme M. Demnati, MM. S. Lévy, M. Janjar, H. Rachik et M. Jaydane. M. A. Bounfour a assuré la modération.
 
 
La conférence-débat a abordé trois thèmes fondamentaux :
-          Un problème de vocabulaire : qu’entend-on par pluriel, diversité ? Qu’entend-on par identité ?
-          Identité et/ou identités ?
-          Comment traduire politiquement la diversité identitaire sur un plan politique ? On examinera essentiellement la langue, la religion et l’ethnicité.
-          Discussion avec le public.
 
Diversité, identité
 
En français le terme ‘diversité’ a deux significations fondamentales : une signification très générale qui désigne l’altérité de toute sorte et une signification plus stricte qui désigne ce qui intrinsèquement et qualitativement différentie les objets, les personnes, les communautés, etc. En arabe, le premier sens correspondrait à tafâwut et le second à tanawwuɛ. Le lexique marocain utilise taɛaddud, ce qui se traduit par pluralité ou multiplicité. Il est, donc, nécessaire que chaque intervenant définisse ces mots pour que le public puisse suivre. Ce qui fut fait.
On note un consensus sur les points suivants :
-          La nécessité de distinguer la diversité de fait de la diversité en tant que valeur ;
-          Cette dernière n’est pas un donné naturel, mais une construction culturelle ;
-          Et comme toute construction la diversité est non close ; elle est infinie.
-          Le nationalisme – nécessaire pour retrouver l’indépendance – a retardé la prise de conscience de la diversité. Ceci est acquis aujourd’hui, mais cela pose des problèmes qu’il faut résoudre.
 
Identité au singulier et/ou au pluriel ?
 
Tous les intervenants admettent, voire affirment l’évidence de la pluralité des identités. Le problème reste celui de les définir et de les articuler dans un vivre ensemble.
Trois combinaisons ont été abordées :
-          Affirmer une identité centrale et des identités périphériques : amazighité puis arabité, africanité etc. ou arabité puis amazighité, africanité, etc. ou islamité puis…
-          Affirmer l’égalité de ces identités et la capacité de les vivre selon le contexte. L’anthroponymie en donne un exemple : X fils de Y + identité de naissance + identité de formation + identité de métier, etc..
-          Affirmer la centralité du ‘commun’ en complémentarité avec les diverses identités.
Traduction politique de la diversité identitaire
 
Ce point a été dominé par la question de la langue, particulièrement la langue amazighe.
Il semblerait que le mouvement amazigh revendique non seulement la constitutionnalité de l’amazigh, mais en lui donnant le statut de langue officielle car, est-il affirmé, jusqu’à présent les réseaux anti-amazigh ont retardé la réussite de l’enseignement de cette langue.
Il est aussi affirmé que l’arabe classique est essentiel, qu’il serait important de considérer la darija qui est, est-il dit, la vraie langue nationale des Marocains.
Une autre proposition consiste à dire qu’il faut choisir la langue ‘qui se porte le mieux sur un plan économique’.
Enfin, la proposition la plus consensuelle serait que l’offre culturelle et sociale, comme dans le domaine économique et commercial, soit aussi diversifiée que possible pour que l’individu puisse choisir. Diversité de l’offre et possibilité de choix, tels sont les valeurs fondamentales de la démocratie libérale et parlementaire.
 
Résumé du débat avec le public
 
L’ensemble des débats fut accaparé par le problème de la langue amazighe : son intégration a été débattue du point de vue économique (budget de l’Education nationale déjà lourd), éducatif (risque d’aggraver le niveau éducatif si l’on ajoute une autre langue comme l’amazigh, idéologique (crainte de porter atteinte à l’unité nationale), etc. Toutes les craintes et les peurs déjà bien identifiées depuis longtemps réapparurent.
Quoiqu’il en soit, il a été constaté que si la traduction juridique de la diversité linguistique pourrait facilement intervenir, sa traduction pratique n’est pas encore bien claire. Néanmoins, l’offre juridique et institutionnelle est considérée comme un pas important.
Le second thème, très peu abordé, fut le statut du religieux, par rapport au politique. Là encore la diversité a été constatée. Comment la traduire politiquement ? Les expériences des pays démocratiques sont éclairantes et il faut s’en inspirer.
Le troisième thème est celui de l’éducation et de la formation. Que ce soit la langue ou la religion, c’est au système éducatif que revient l’intégration des valeurs démocratiques (sans oublier les médias, les partis politiques, la société civile). C’est pourquoi il faudrait revoir le contenu de cet enseignement et en extirper tout ce qui va contre la rationalité et les valeurs démocratiques.


- Résumé de l'intervention de M. Mohamed Sghir Janjar (voir ci-après):


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