Fort heureusement, l’injustice fut rétablie et l’Oriental bénéficia d’un regard neuf et bienveillant grâce à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui annonça le 18 mars 2003, dans un discours fondateur et visionnaire, les ambitions d’une stratégie de développement intégré et durable.
Depuis, la région s’est transformée en un vaste chantier à ciel ouvert grâce à une enveloppe budgétaire de près de 100 milliards de dirhams consacrée à l’investissement et au lancement de plusieurs projets de grande envergure.
Aujourd’hui, l’Oriental jouit d’une situation honorable dans toutes les stratégies sectorielles du Royaume, notamment le Plan Azur pour le tourisme et le Plan Maroc Vert pour l’agriculture. Les 100 milliards de dirhams injectés dans l’Oriental ont permis son désenclavement grâce aux infrastructures routières et la réalisation de nombreux investissements dans le domaine de l’habitat (construction de 33.000 logements), de l’éducation (construction de plus de 70 établissements, y compris des travaux d’expansion des universités). Le secteur de la santé n’était pas en reste avec la construction d’un hôpital universitaire et la rénovation d’autres centres hospitaliers dans la région. Dans le domaine du tourisme, l’inauguration de la station balnéaire de Saïdia, a permis à la région de renforcer sa notoriété sur la scène internationale, suite aux grands investissements qui ont permis de doter la station d’importantes infrastructures, notamment une marina de 840 anneaux, hôtels 4 et 5 étoiles, villas, appartements résidentiels, parcours de golf.
Par ailleurs, la nouvelle vision a permis la mise en place d’une véritable stratégie intégrée et globale de développement qui privilégie l’élément humain et place la population de la région au cœur des politiques publiques et des projets régionaux et locaux, valorisant de ce fait toutes les potentialités de la région.
Dans ce sens, l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) a permis de lancer quelques 353 projets au niveau de la préfecture d’Oujda-Angad durant la période 2005-2012, profitant à plus de 110.000 habitants et ayant essentiellement pour but l’amélioration des conditions d’accès aux services et infrastructures de base, le soutien aux activités génératrices de revenus, la formation et le renforcement des capacités, la participation et l’implication de la société civile dans la mise en œuvre des projets de développement en plus du renforcement de la confiance des citoyens.
Cependant, même si tous les ingrédients semblent être réunis pour une croissance assurée, force est de constater qu’il existe une certaine résistance des mentalités à suivre le cours inéluctable du progrès. Dans un premier temps et avant d’entamer toute réflexion sur cette problématique, un détour terminologique s’impose. D’abord, la mentalité est « L’ensemble des habitudes intellectuelles, des croyances et des dispositions psychiques caractéristiques d'un groupe » Larousse. En d’autres termes, il s’agit de la manière de penser et d’agir d’une communauté déterminée.
La croissance économique est une condition nécessaire au développement mais jamais suffisante car elle doit impérativement être accompagnée d’une volonté individuelle et citoyenne de toutes les composantes de la population.
Malgré l’attachement profond que portent les habitants à leur région qu’ils veulent voir prospérer au même rythme que les autres et malgré leur générosité, leur loyauté et leur endurance qui leurs sont connus et reconnus, l’homme oriental reste victime d’un lourd passé culturel saturé de préjugés, et baignant toujours dans un conservatisme hérité de temps lointains.
Ceci dit, l’évolution économico-sociale va de pair avec la l’évolution intellectuelle et le changement des mentalités ne peut se faire qu’à l’intérieur des logiques culturelles de la communauté. C’est un impératif fortement souhaité qui passe par deux conditions majeures dont la première est la nécessité d’une compréhension profonde des enjeux accompagnée d’une stratégie transversale et déterminée qui consisterait à développer une réceptivité au changement en le justifiant par l’information, l’argumentation, l’explication et la sensibilisation d’où le rôle privilégié de l’éducation en tant que puissant levier de développement mais surtout en tant que droit revenant à l’homme comme à la femme. Cette dernière qui reste encore malheureusement victime d’une misogynie ambiante et considérée encore comme faisant partie d’une minorité, au côté des jeunes alors que les statistiques à ce niveau sont criantes.
Il incombe donc aux citoyens de profiter de tous les moyens mis en œuvre par les politiques locales et d’adopter une attitude ouverte au changement et nourrie de valeurs appropriées pour opérer le tournant décisif engagé dans l’Oriental.
· Sommes-nous capables de faire évoluer l’archétype transgénérationnel qui sévit sur la région ?
· Quels sont les moyens à utiliser pour inciter la population à porter le projet de développement régional et à y participer efficacement.
· Quelles sont les actions à entreprendre pour rattraper le retard accumulé ?
· Quel équilibre entre et le rythme de l’évolution économique et celui de l’évolution des mentalités?
· Et bien d’autres questions qui mériteraient d’être discutées.
Pour cela, nous accueillons M. Mohamed MBARKI Directeur Général de l’Agence de l’Oriental pour une rencontre « Décideurs en Question » le lundi 10 Juin 2013 à 18h00 à la salle de conférences du Campus HEM Oujda.